Daniel Guestier

(1755 - 1847)

Rue Daniel Guestier, Bordeaux

Portrait de Daniel Guestier

Ce nom de rue (depuis 1881) consacre un grand négociant bordelais. Daniel Guestier I (1755-1847), fils du négociant et armateur François Guestier I (1705-1789), est parti à Saint-Domingue à l’âge de 15 ans, puis est marin en 1772-1781. Après cet apprentissage, il construit sa maison et sa fortune, comme planteur, négociant et armateur. Il commerce avec Saint-Domingue, avec l’Amérique et l’Inde, dans le cadre d’opérations de négoce (indigo, poivre, eaux-de-vie, vins, sucres, etc.) et de commission, de change, et d’armement maritime – aux côtés d’une entreprise spécialisée dans le vin, en Gironde.

Dans une seconde vie, il crée une société de négoce de vin à Bordeaux en 1802, en co-fondant Barton & Guestier avec Hugh Barton ; il devient l’un des grands notables de la bourgeoisie commerciale, celle du Pavé des Chartrons et de « l’aristocratie du bouchon ». Il devient rapidement président du Tribunal de commerce en 1807-1812, puis en 1814-1816 ; puis de la Chambre de commerce en 1821. En 1818, il participe à la création de la banque d’émission et de crédit qu’est la Banque de Bordeaux.

Il est anobli en 1816, en tant que comte de Guestier. À sa mort, il laisse une fortune de trois millions de francs, complétée par 3,8 millions de biens immobiliers et viticoles (Haut-Batailley, etc.). Son fils Pierre-François Guestier II, époux d’Anna Johnston, fille d’un grand négociant en vins, prend sa suite.

On ne peut donc pas reprocher à Guestier une quelconque implication dans la traite des Noirs. Un lien indirect (sans aucun apport financier dû au trafic d’esclaves) peut être établi par le biais de l’épouse (en 1750) de François Guestier, Jeanne, car un neveu de celle-ci, Jacques Conte (1753-1836) a été impliqué fortement dans le commerce avec l’Île de France (Maurice) ; mais il se lance avec efficacité en 1802-1803 dans la traite depuis Bordeaux, entre le Mozambique et Maurice, avant que ses trois navires soient arraisonnés par les Anglais, d’où son repli à Bordeaux et Château Beychevelle.