Etienne Feger-Latour

(à déterminer)

Passage Feger, Bordeaux (Voir le plan)

Portrait de Etienne Feger-Latour

Jacques Feger et son fils Joseph étaient venus de Bretagne s’installer à Bordeaux dans les années 1640. Le fils de Joseph, Jacques-François, devint bourgeois de Bordeaux (conseiller municipal) en 1709 et eut quatre fils, d’où plus tard la société des Frères Feger, insérée dans les flux transatlantiques. C’est dans les années 1770 que des Feger-Latour, des descendants, sont associés aux diverses facettes du négoce transatlantique et caribéen, dont la traite des Noirs. Ils font partie des notables (dont Nairac et Baour) qui, au sein de la Chambre de commerce de Guyenne en 1775-1776, réclament au gouvernement des mesures pour interdire les ports francs et le commerce des étrangers dans les colonies, donc pour préserver les intérêts du négoce français et girondin. Ils promeuvent la cause de la traite et veulent la réserver aux navires français.

Dans le dernier tiers du xviiie siècle, deux branches s’articulent, l’une sous le nom de Feger (Philippe-Julien Feger, son fils Jean-Baptiste, greffier en chef au Parlement de Guyenne, et sa fille Élisabeth de Foucques ; ses frères François et Jean-Hyacinthe), l’autre sous celui de Feger de Latour ou Feger-Latour. Comme ses frères, le négociant Étienne Feger de Latour se veut un homme d’influence ; il obtient en sus la charge de greffier en chef au Parlement de Guyenne et devient aussi jurat de Bordeaux ou conseiller municipal, dans les années 1760-1770. En août 1784, la valeur de son actif atteint 911 192 livres, donc une grosse fortune. D’ailleurs, le grand architecte François Lhote lui construit en 1775 un hôtel particulier, 4 rue Esprit-des-Lois, l’hôtel Feger-Latour (repris au siècle suivant par les banquiers Piganeau). La famille acquiert aussi un vignoble (Biré) à Macau en 1767-1769.

Les Feger-Latour sont un temps associés à Jacques-Barthélémy Gramont dans la maison Feger, Gramont & Cie en 1784. Elle pratique des échanges avec les États-Unis, en important notamment du tabac dans les années 1780 ; elle commerce « en droiture » avec les Caraïbes et l’Amérique du Nord et se lance dans les échanges avec l’Inde au début des années 1780. Elle exporte notamment des vins français.

Cependant, la maison pratique aussi le « commerce triangulaire » car elle expédie six navires pour la traite des Noirs, de 1742 à 1783. Même si c’est une minorité du total de 121 armements qu’ils ont effectués vers les colonies entre 1718 et 1789, soit un vingtième, c’est symbolique du fait que cette traite était considérée comme un commerce banal, qu’on pratiquait incidemment, en complément de la gamme des métiers du négoce. Et l’on peut supposer aussi que leurs sociétés se sont insérées dans l’ensemble du système de production et d’échanges qui reliait les Caraïbes esclavagistes à l’Europe – mais on ne dispose pas de documentation publiée à propos de cette implication.