Thomas Prosper Gragnon-Lacoste

(1820-1895)

Portrait de Thomas Prosper Gragnon-Lacoste

Né le 30 avril 1818 à Castillon ès Périgord (aujourd’hui Castillon la Bataille) dans une famille aisée. Il vit chez son grand-père, Taleret de Lacoste, un homme très instruit. Il fait ses études au Lycée de Bordeaux et se tourne vers les études juridiques qu’il termine en 1840. Très jeune, il commence à publier et, à 27 ans, il entre à l’Académie des Sciences de Bordeaux. Il publie régulièrement sur des sujets variés comme un précis historique de la législation consulaire, l’histoire de sa ville natale, les fiefs en Guyenne, un Manuel de généalogie, Du droit d’alluvion, plusieurs biographies dont La vie de Berquin né à Bordeaux dont les parents s’établissent à Saint-Domingue, une Monographie de l’arbousier (il est membre de la Société impériale zoologique d’Acclimatation de Paris de la Société d’Agriculture de la Gironde), des poèmes comme L’Haïtiade, poème épique en huit chants. Il écrit aussi des articles pour des journaux comme Le Bocage de Vire dans le Calvados où, semble-t-il, il a séjourné quelques temps -et Le Globe à Haïti, sans oublier bien sûr la biographie de Toussaint-Louverture, déjà citée. Il a défendu les « hommes de couleur » et il a été surnommé « l’Ami des Noirs ».

Après le décès de sa mère qui est morte à Agen le 1er mai 1816 où le régime impérial l’avait ‘internée’ comme l’écrit Gragnon Lacoste, Isaac Louverture, voulut aller habiter Bordeaux pour être plus proche des relations avec Haïti grâce au port et aux bateaux assurant les liaisons, il dut obtenir l’autorisation d’y séjourner. Gragnon Lacoste s’est-il intéressé à la famille Louverture exilée à Agen ? Ou bien a-t-il connu Isaac lors de son arrivée à Bordeaux ? Le fait est qu’ils sont entrés en relations d’amitié puisque Isaac confie ses manuscrits personnels, ses archives à Gragnon-Lacoste, documents précieux qui permettront la rédaction du livre sur Toussaint-Louverture.

Thomas Prosper Gragnon-Lacoste a occupé plusieurs fonctions : juriste, avocat, notaire et enfin consul honoraire d’Haïti à Bordeaux. Dans les Actes de l’Académie, il est, en 1850, porté sur la liste des membres correspondants avec la précision : « Ancien notaire à Sainte-Croix-du Mont ». Il décède à Talence le 22 décembre 1895, sans postérité. Sa veuve décèdera en 1899. Thomas Prosper Gragnon-Lacoste et son beau-frère Théophile de Mondenard de Roquelaure (1818-1878), chef de division à la mairie de Bordeaux, font construire, en 1864, un tombeau familial dans le cimetière de la Chartreuse à Bordeaux. Ils font venir en novembre 1865 des cendres de membres des deux familles, puis, en mars 1866, celles du fils de Toussaint Louverture, Isaac Louverture, qui étaient dans une tombe louée dans le même cimetière depuis sa mort à Bordeaux en septembre 1854. En 1878, ce seront celles de Louise Chancy, veuve d’Isaac, décédée en 1871. Par la suite, les descendants des Mondenard demeurent les seuls propriétaires du caveau. Depuis mai 1946, seul un nom y apparaît distinctement, celui de Feuillerat, époux d’une Mondenard, mais une plaque non fixée a été offerte en hommage à Toussaint Louverture et rappelant que son fils Isaac repose dans ce caveau.

Thomas Prosper Gagnon-Lacoste publie en 1877 une biographie de Toussaint Louverture « ouvrage écrit d’après des documents inédits et les papiers historiques et secrets de la famille Louverture ». Dans l’avertissement de son livre, il précise qu’il « participe par ce livre à une nouvelle croisade contre son hideux corollaire, le préjugé de couleur » constaté aux Etats-Unis, « Va mon livre ; va au nom de Toussaint-Louverture ; va au nom de cet homme qu’une convention fit esclave. » Son livre se termine sur un « Appel aux lecteurs » : il ouvre une souscription « pour réunir dans un même tombeau les cendres du général en chef Toussaint-Louverture et celles d’Isaac Louverture, son fils et de Louise Chancy, sa nièce et belle-fille qui n’ont reçu qu’une sépulture provisoire dans la Chartreuse de Bordeaux ». Il donne deux adresses pour les offrandes, Féret libraire et M. Lieuzède à Bordeaux. Et lui-même donne « 3000 piastres » précise Georges Le Gorgeu. Pourquoi en piastres ? Ce point serait à éclaircir ? Vente de son livre à Haïti qui lui aurait rapporté une somme d’argent, la piastre étant la monnaie d’Haïti ? Il est l’exécuteur testamentaire des dernières volontés d’Issac Louverture qui a servi la France et a terminé sa carrière militaire comme Lieutenant général.